Née le 8 octobre 1943 à la Chaux-de-Fonds, sa vie aurait pu être une vie heureuse et paisible si la maladie ne l'avait pas frappée. Peut-être que l'épreuve lui donna déjà à 3 ans, le goût du combat.
Elle fait des études de commerce à Neuchâtel, et à Lausanne. A 21ans, elle revient dans le pays neuchâtelois et épouse un passionné des routes, qui, après 5 ans de mariage, la laisse veuve avec un petit garçon: Patrick.

Le statut de femme veuve, avec ses considérations lui donne envie de fuir et elle s'installe avec le petit Patrick dans les montagnes valaisannes.
Sportive, elle a déjà touché à la spéléo, au parachutisme, au ski, à la montagne, et à la très haute montagne qu'elle affectionne. C'est là, dit-elle "que je me sens vraiment vivre".

A Arolla, 2000 mètres d'altitude, on lui confie le bureau de l'office du tourisme. Et comme pour parfaire sa connaissance de la montagne, on la voit très souvent faire du portage pour quelque cabane. La vie alpine lui convient, surtout parce qu'elle peut garder et éduquer son enfant près d'elle. Quelques années plus tard, on trouve cela normal qu'elle épouse un guide de montagne. Sa vie va prendre une direction sereine pense-t-on.

Dans leur chalet à la Forclaz, situé sur une colline, comme dans un nid d'aigle, la famille se renforce encore avec la naissance d'un second enfant Nicolas. Patrick a commencé l'école dans le village.
C'est tout naturellement que Jo Fauchère, directeur de l'école de ski de la Forclaz, entraîne sa femme à donner des leçons de ski. La voilà enseignant le ski alpin, puis elle va faire le cours de ski nordique. Elle sera parmi les premières femmes à obtenir le titre de professeur de ski nordique.

La famille participe à la vie du village, à la vie de la vallée, et personne n'est vraiment étonné quand Andrée annonce sa décision de prendre le gardiennage de la nouvelle cabane de la Tza, propriété des guides de la vallée. Elle sera la première femme à prendre officiellement le gardiennage d'une cabane de haute montagne.

Le mois de juin 1975 est souvenir... Andrée et les deux garçons sont installés dans leur résidence d'altitude… 2607 mètres d'altitude où ils vont vivre jusqu'en septembre. Il faudra s'occuper des alpinistes, faire les repas, tenir les dortoirs qui peuvent recevoir plus de l00 personnes. Un gros travail que tous les amoureux de la montagne connaissent. Andrée va, durant 3 années, dès le mois de juin, préparer les bagages des siens... elle ne redescendra qu'à la fin septembre ou début octobre et à cette époque, il n'y a ni téléphone portable, ni électricité, ni eau, ni douche...

Son mari continue de courir les montagnes, emmenant ses clients partout dans les Alpes.

C'est durant toute cette période alpine que le couple rencontre des alpinistes de tout pays et envisage de faire partie d'une expédition en Himalaya. C'est un rêve qui va devenir réalité très vite.
1976, première expédition de Jo en Himalaya, avec un groupe d'alpinistes suisses partant pour le camp de base de l'Everest et du Lhotse, fêter le 20ème anniversaire de la victoire sur l'Everest et le Lhotse. A son retour Jo n'est plus le même. Il ne parle que de retourner là-bas.

La fin des années 70 plonge Andrée dans le désarroi. Des ennuis cardiaques, associés à une trop grande fatigue, l'obligent à stopper toutes ses activités.
Sa vie pourrait basculer dans le vide..., mais le combat qu'elle a toujours mené, la force à accepter... de ne plus faire de sport... ni ski, ni montagne, ni cabane... ni altitude. Elle décide donc d'écrire... et s'occupe de la future expédition de son mari.

Jo a décidé de partir avec une équipe d'amis à la conquête du Lhotse Shar 8383 mètres. Les préparatifs prennent plus d'un an. L'expédition arrive au point 7500 mètres mais doit renoncer à cause du mauvais temps. En 1981 Jo remet cela, mais cette fois-ci en expédition lourde, accompagné de cinq autres guides du Valais. En tout, une expédition de 15 personnes, comprenant également des médecins pour la recherche médicale, cuisinier, 280 porteurs, etc.

L'expédition se termine tragiquement puisqu'à l'altitude de 8050 mètres, Pierre et Philippe disparaissent... certainement emportés par une avalanche. C'est la consternation au sein des membres de l'expédition. Jo décide de stopper et de rentrer. Le destin l'attend à l'altitude de 5500 mètres environ... Jo qui a les pieds gelés, trébuche sur le chemin conduisant de Tsangboche à Namche Bazar au Népal, et fait une chute d'une quarantaine de mètres... il est tué sur le coup et enterré au bord de la rivière.
Andrée Fauchère est pour la deuxième fois veuve, avec deux enfants.

L'écriture est son combat. L'amour qu'elle voue à la nature lui permet de survivre. Ses enfants sont sa force. Patrick est sur le chemin de devenir pilote d'avion et d'hélicoptère.
Nicolas est encore à l'école. Pour cet enfant né à 1800 mètres d'altitude, alors que la neige tombe, c'est pour le moment la mer qui le passionne, mais quelques années plus tard, il suivra les traces de son frère et se passionnera pour l'hélicoptère et pour le sauvetage.

Aujourd'hui, en 2012, Andrée vit à Evolène avec son compagnon Jacques ; Patrick a épousé Marie-Paule, et travaille dans la Compagnie d'Air-Glaciers à Sion, son métier de pilote le comble. Nicolas et Erika vivent à La Forclaz /Evolène, Nicolas est assistant de vol et ambulancier dans la Compagnie d'hélicoptères Air-Glaciers.

 

nicolasfauchereNicolas Fauchère

Dans quelques jours, le 25 octobre 2018, cela fera un an que Nicolas s’en est allé pour le Pays de l’Ailleurs !

Un vrai choc pour toute notre famille ; un choc qui paraissait insurmontable ; c’était sans compter sur l’aide de Nicolas qui depuis son nouveau monde, a employé tout son savoir, tout son amour et toute sa bonne humeur pour nous aider.

Oui, sa présence auprès de nous est permanente... on le ressent on pourrait presque le toucher !

Érika remplie de cette force a réussi à gérer cette terrible maladie qu’est le cancer. Elle nous a tous épatés avec sa volonté de vivre et sa force pour guérir de toutes ses douleurs.

Nicolas est sans aucun doute très fière d’elle et nous aussi.

Il nous a fallu beaucoup de forces pour accepter, mais l’amour que nous avons les uns pour les autres, m’a permis, ainsi qu’à Érika, Patrick, Marie et Jacques,  mais aussi à nos familles Fauchère et Gaspoz ainsi qu’à sa grande famille d’Air-Glaciers, à la grande famille des amis, de continuer à vivre grâce à Nicolas.

Nous sommes tous riches à l’intérieur de nos cœurs parce qu’il y habite.

Ce sentiment de l’avoir désormais en nous est fort ; il est notre amour, notre frère notre enfant, notre ami, notre conseiller, toujours présent à toute heure du jour et de la nuit. 

Il est le bleu du ciel, le soleil qui brille sur la Dent Blanche, il est le chant de l’oiseau, le vent qui souffle dans les mélèzes.

Il nous console, nous guide vers la vie et nous soutient.

Merci mon fils merci Nicolas d’avoir été, merci d’être.

Beaucoup d’amis de Nicolas nous ont demandé où avaient été déposées ses cendres.

Pour beaucoup, il y avait un endroit privilégié, pas toujours le même :

….. lorsque nous avions 30 ans il m’avait dit …… lors d’une promenade il m’a dit .... - juste avant de mourir il m’avait montré .... etc

Érika, Patrick et moi ; nous nous sommes concertés et avons choisi de faire une toute petite cérémonie, très privée, pour déposer les cendres de Nicolas dans un endroit que nous ne communiquerons pas.

Nous l’avons ainsi porté en terre, en famille, dans la paix, la sérénité, remplis de lumière et d’amour. 

Marie et Patrick sont actuellement au Népal ; plus précisément sur la tombe de Jo. Ils vont y apporter le souvenir de Nicolas ; nous serons très près d’eux par nos cœurs et je les remercie pour ce voyage qu’ils partagent avec nous tous, grâce à cette foi en la vie que portait Nicolas. 

Mais toutes les personnes qui ont besoin de se recueillir en pensant à Nicolas, une plaque souvenir est posée au cimetière d’Evolène.

Une plaque qui unit JO FAUCHERE et son fils NICOLAS FAUCHERE, tous deux décédés un 25 octobre.

Et pour les montagnards, une autre plaque avec photo est posée à côté de la plaque de JO, sur le grand rocher,  en bas du chemin de la cabane de la TSA, son jardin comme l’appelait Nicolas enfant ! 

Merci à vous tous, soyez sûrs que Nicolas est là, il reste présent et parce qu’il voit dans nos cœurs combien nous l’aimons, il peut à son tour redistribuer tout cet amour.